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La gestion de l’hygiène menstruelle : et si on la mettait en scène? Nouvelles

28 mai, 2022

Écrit par Isabelle Viens avec la collaboration de Djibril Guissé, coordonnateur d’Art social pour le changement de comportement au Centre Culturel Koré, projet SCOFI, Mali

Les clubs d’adolescents (filles et garçons) dans les écoles secondaires au Mali : une stratégie qui permet d’aller de l’avant dans la mobilisation autour de la gestion de l’hygiène menstruelle.

Au Mali, les filles font face à des contraintes majeures en lien avec leur éducation, que ce soit au niveau de l’accès, du maintien ou encore du succès à l’école. Le gouvernement malien a mis en place différentes stratégies dans le secteur de l’éducation pour améliorer cette situation. En 1992, une nouvelle cellule nationale prend vie : la cellule pour la scolarisation des filles – SCOFI.

Pourtant, les indicateurs du niveau de la scolarisation demeurent les mêmes, en grande partie à cause de déterminants socioculturels puissants et de la population qui grimpe sans arrêt.

Lorsque nous parlons de déterminants socioculturels, nous faisons référence, entre autres, aux contraintes dans la gestion de l’hygiène menstruelle, qui jouent un rôle important au niveau de l’absentéisme scolaire et du décrochage des filles, en particulier celles âgées de 13 à 15 ans, au second cycle du diplôme d’études fondamentales. Un rapport de l’UNESCO indique qu’une fille sur 10 ne va pas à l’école lors de ses règles, ce qui représente plus ou moins 20 % du temps scolaire annuel. Les raisons sont multiples : le manque d’installations sanitaires adéquates, le mauvais état de telles installations ou le fait qu’elles ne sont pas séparées par genre, le manque d’accès à des informations pertinentes, l’absence de produits d’hygiène, sans oublier le manque d’eau et de savon à l’école. Les participantes à l’enquête mentionnaient également qu’il devient très difficile de se concentrer à l’école durant leurs règles lorsqu’elles sont mal gérées, affectant ainsi leurs performances scolaires. Finalement, le caractère tabou des menstruations affecte également les filles comme les femmes du Mali. Elles restent bien souvent les seules concernées par la gestion de leurs règles et, par conséquent, elles se retrouvent face à elles-mêmes dans la recherche de solutions.

Les objectifs du projet

Le projet SCOFI, financé par Affaires mondiales Canada, en partenariat avec Cowater International et la Fondation One Drop, vise l’amélioration de l’accès, de la rétention et des résultats à l’école de 16 000 adolescentes du deuxième cycle de l’enseignement fondamental, particulièrement dans la région de Ségou, au centre du Mali.

Cette initiative permet de progresser vers l’atteinte de différents objectifs de développement durable (ODD) des Nations Unis, notamment : l’éducation de qualité pour tous (ODD 4), l’égalité entre les sexes (ODD 5) et l’eau propre et assainissement (ODD 6). De plus, le projet met en place des interventions qui permettront de favoriser la croissance et l’autonomisation sociale et économique localement.

Un des comportements clés visés par le projet SCOFI met l’emphase sur la gestion adéquate de l’hygiène menstruelle, en  mobilisant les adolescentes  à utiliser les produits hygiéniques, dans des toilettes adaptées à l’école. Sans un environnement favorable, ces jeunes filles ne peuvent y parvenir.

Le projet met donc en place tout un système d’acteurs qui se mobilisent aussi autour de ce comportement. Le personnel des écoles, les chefs de village, les mairies et les groupements communautaires viennent jouer un rôle important autour de la norme sociale de pratiques adéquates.

Les clubs d’adolescents

Ces adolescentes, protagonistes du changement, ont été invitées à faire partie de clubs d’adolescents, une initiative proposée par le Centre Culturel Kôrè (CCK), partenaire du volet de l’approche d’Art social pour le changement de comportement développée par la Fondation One Drop dans le projet. Ces clubs, soutenus par les écoles et les mairies des différents villages, offrent  aux jeunes filles un espace d’écoute, de discussion, d’échange et de partage d’informations qui vise à renforcer leur confiance et leur estime de soi, à activer leur engagement communautaire, leur leadership, et à questionner les valeurs culturelles et citoyennes afin de mettre en action leur sens des responsabilités. Les clubs visent aussi à motiver les adolescentes par la co-création d’outils d’art social visant leur épanouissement en augmentant leur facilité et leur désir à prendre la parole, à s’exprimer. Finalement, ces espaces d’échange permettent d’identifier et d’adresser les besoins des adolescentes en termes d’hygiène menstruelle, de harcèlement sexuel et d’autres types de violence basée sur le genre.

« Chez les adolescentes, l’une des motivations les plus importantes est que le club sera pour elles un espace sécuritaire où elles pourraient s’exprimer librement, avec confiance, de leurs préoccupations, sans crainte. Il y a aussi cette envie de regroupement, de collaboration et de camaraderie entre jeunes filles de même âge, qui est une autre source de motivation. » – Coordonnateur d’Art social pour le changement de comportement – CCK

Les interventions d’Art social pour le changement de comportement à l’an 2 du projet ont permis de sensibiliser et de mobiliser 14 077 personnes. De ce nombre, 70 % ont participées à des activités leur permettant de mieux comprendre l’importance de la gestion de l’hygiène menstruelle à l’école et l’existence de latrines séparées, 50 % se sont engagées à prendre des mesures pour adopter les bonnes pratiques d’hygiène menstruelle à l’école et 41 % affirment avoir compris les conditions pour une bonne gestion de l’hygiène menstruelle à l’école.

« Ce club nous permettra d’identifier nos problèmes et de les résoudre. Ça nous permettra de nous divertir, de combattre toutes les idées de faiblesse, et les peurs qui peuvent nous décourager même dans les études ». – Jeune fille d’une école de Bla


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