Journée mondiale de lutte contre le travail des enfants
La journée internationale de lutte contre le travail des enfants, sous toutes ses formes, consacrée par l’Organisation internationale du Travail (OIT) constitue une avancée majeure dans la préservation et la protection des droits des enfants. Dans cette volonté de permettre un développement sain des enfants dans un environnement propice, le Mali a adopté plusieurs dispositifs règlementaires et politiques interdisant le travail des enfants, notamment le Plan National pour l’Élimination du Travail des Enfants 2023-2027, la fixation de l’age minimum d’admission à l’emploi fixé à 15 ans dans le Code du Travail ainsi que la mise en place de la Cellule Nationale de Lutte Contre le Travail des Enfants créée par la Loi n° 10050 du 23 décembre 2010
Malgré ces efforts majeurs consentis par le Mali, les données énoncent qu’environ 2 millions d’enfants (Human Right Watch, Nations Unies), hors du système éducatif, travaillent dans les secteurs d’activités clés, tels que l’agriculture ou encore l’orpaillage. Plusieurs facteurs favorisent ce constat, notamment la précarité économique ou encore les normes sociales dans certaines zones rurales.
Les études de bases effectuées, dans le cercle de Kéniéba dans le cadre l’opérationnalisation du Projet Femmes et Enfants des Communautés Minières au Mali (FEMA), financé par Affaires Mondiales Canada, dénontent environ 13 714 enfants agés de 5 – 14 ans travaillant sur les sites miniers artisanaux. Plusieurs facteurs sont à l’origine de cette situation de prolifération du travail des enfants sur les sites, à savoir :
- La précarité économique entrainant un niveau de pauvreté de plus en plus élevé des ménages dans le cercle de Kéniéba. En conséquence, l’utilisation des enfants, en qualité de main-d’œuvre, constituent également une des causes fondamentales de leur présence sur les sites d’orpaillage ;
- La hausse du cours de l’or sur les marchés internationaux. Durant les dernières années, l’or s’est positionné comme une valeur refuge par excellence. Les populations des pays en voie de développement dotés de réserves d’or s’adonnent à l’exploitation artisanale comme moyen de subsistance, avec l’espoir d’améliorer leurs conditions de vie précaires ;
- Le manque de régularité et de diligence dans le paiement des salaires des enseignants des collectivités (contractuels), normalement assurés par les conseils de Cercle et les communes (autorités locales). Les fréquents retards entrainent souvent la fermeture des salles de classe, conduisant ainsi les enfants vers les sites d’orpaillage ;
- L’absence d’infrastructures et de services sociaux en mesure d’accueillir les enfants en bas âge, ce qui conduit les femmes travaillant sur les sites miniers à prendre leurs enfants avec elles. Ceux-ci grandissent en considérant leur présence sur les sites miniers comme une situation normale ;
- L’image idéalisée de l’orpaillage : pour beaucoup de mineurs artisanaux et une grande partie de la population, l’orpaillage est considéré comme une activité lucrative permettant d’acquérir rapidement un statut social enviable.
En sus de ces constats, la gestion du secteur minier artisanal reste insuffisamment prise en compte dans les différentes politiques minières gouvernementales, mais également dans les projets de développement des partenaires étatiques. Les programmes relatifs au travail des enfants ont connu un succès mitigé car ils se concentrent essentiellement sur la sensibilisation des communautés et abordent timidement les facteurs économiques sous-jacents de l’implication des enfants dans les activités d’orpaillage.
L’approche privilégiée par le Projet consiste à encourager la rescolarisation des enfants de 6-7 ans en mesure de passer directement dans le système scolaire formel, et des enfants de 8-12 ans grâce dans des programmes alternatifs tels que les stratégies de scolarisation accélérées/Passerelles (SSA/P), qui permettent leur insertion ou réinsertion dans le système scolaire formel. Le Projet veillera également à ce que tous les enfants qui ont quitté les mines soient mis en contact avec des services de réadaptation appropriés (santé, appui psychosocial, etc.).
En vue de renforcer des actions sociales communautaires pour réduire la présence des enfants sur les sites miniers artisanaux, le Projet cherchera à améliorer les connaissances et la sensibilité des acteurs communautaires pour contrer le travail des enfants et les normes sexospécifiques qui nuisent aux femmes dans les zones minières artisanales à Kéniéba. Les interventions viseront également à accroitre la capacité collective des femmes et des adolescent(e)s à influencer les décisions relatives au travail des enfants et l’égalité des genres dans le secteur minier artisanal.
En cette journée internationale de lutte contre le travail, le projet FEMA lance un appel à la mutualisation des ressources pour la protection des droits des enfants dans les zones d’orpaillage.