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Renforcer la résilience, favoriser le changement : les femmes rurales montrent la voie au Liptako, Burkina Faso Blog

15 octobre, 2025

Les femmes rurales jouent un rôle fondamental dans la sauvegarde de nos écosystèmes. En Afrique subsaharienne, elles sont généralement responsables du maraîchage et de l’élevage de petits ruminants, en plus des tâches domestiques qui leur incombent, telles que le soin apporté aux enfants, aux personnes âgées, la collecte de l’eau pour tous les membres de la famille et l’entretien du foyer.

Souvent responsables de la sécurité alimentaire de leur famille, les femmes subsahariennes font face à des défis systémiques qui limitent grandement leur autonomisation économique et leur épanouissement. Difficulté d’accès à la terre, au crédit, analphabétisme, normes sociales qui les empêchent de se déplacer librement ou de commercer, manque de connaissances des meilleures techniques pour une pratique efficiente de leurs activités ; les défis sont nombreux pour que les femmes rurales puissent pleinement!

Les femmes du Burkina Faso dans la région du Liptako sont confrontées aux mêmes réalités. Elles portent la responsabilité de combler les besoins du ménage et consacrent entre 10h à 12h par jour aux tâches domestiques.[1] Sur le plan productif, elles représentent une importante main-d’œuvre, notamment agricole. Il s’agit là d’un rôle essentiel et non d’une simple activité accessoire.

Souvent pris pour acquis, le travail des femmes, que ce soit l’agriculture de subsistance, l’élevage, la restauration, l’artisanat et la vente de produits sur les marchés, l’éducation ou le travail domestique est attendu par la communauté, sans que celles-ci puissent bénéficier des retombées de ce travail.

En effet, les revenus ou les récoltes tirés de leurs activités sont généralement dépensés pour la famille, ou parfois même donnés directement à leur époux, sans possibilité que cet argent soit réinvesti dans de l’équipement, un fonds de roulement ou de la formation.

Limitées par l’accès difficiles aux facteurs de productions et à la connaissance technique quel que soit l’activité qu’elles mènent, les femmes peuvent difficilement se lancer dans des entreprises rentables et améliorer leurs rendements, malgré leurs connaissances du territoire et leur volonté d’être des actrices économiques dans leur communauté.

De plus, les changements climatiques affectent les femmes rurales de façon disproportionnée : 70% des femmes au Liptako ont la charge de trouver de l’eau pour leur famille [2]. En même temps qu’elles comblent les besoins du ménage en alimentation et en eau, elles le font aussi pour les animaux et leurs cultures, ce qui n’est pas une chose aisée dans un contexte où les sources d’eau se raréfient à cause des sécheresses qui s’intensifient.

En effet, dans le contexte du Liptako en particulier, les chiffres parlent d’eux-mêmes : les températures des mois d’avril à juin ont augmenté de 1,4 ° C depuis 1950. Les précipitations sont plus irrégulières et intenses : la fréquence des pluies et des orages dans la région a triplé depuis les années 1980, provoquant des inondations et une dégradation des terres.  Les études sont sans équivoque : les changements climatiques affectent directement l’agriculture et la sécurité alimentaire, au point où une baisse des rendements agricoles de 10 à 15% est anticipée par les chercheurs pour 2050[3].

Il existe pourtant des solutions et des approches transformatrices pour répondre à la fois à la crise climatique et à l’autonomisation économique des femmes.

Dans la région du Liptako, l’élevage et e sont des activités qui réussissent aux femmes, la population d’éleveuses féminines y était estimée à 41,2%.[4] Dans ce contexte, le projet Épanouissement Socio-Économique des Populations Vulnérables (ESEPV), mis en œuvre par Cowater International et financé par Affaires mondiales Canada et IAMGOLD, soutient directement des entreprises de femmes et de jeunes, afin de leur donner les moyens d’exercer leurs activités économiques de façon rentable et durable.

À ce titre, le projet est actuellement en train de sélectionner 25 entreprises dans les secteurs du maraichage, de l’élevage, de la production de lait et de l’assainissement dans les trois communes de Dori, Falagountou et Gorom-Gorom.

Après un diagnostic de leurs capacités organisationnelles et financières, le projet ESEPV va soutenir ces entreprises en élaborant des plans d’accompagnement sur mesure. Cet accompagnement  va comprendre la production d’un plan d’affaires, la mobilisation de fonds avec des instruments financiers adaptés à leur réalité et un plan de renforcement de capacités qui met l’accent sur l’adoption de bonnes pratiques de production, de transformation et de mise en marché. Ces pratiques seront ancrées dans une approche de résilience aux changements climatiques, en ayant recours aux meilleures méthodes d’utilisation rationnelle de l’eau et de sélection d’espèces végétales et animales résistantes à la chaleur et aux aléas du climat. La promotion du maraîchage et de l’agriculture circulaire permet par ailleurs de lutter durablement contre la désertification et de restaurer la qualité des sols endommagés.

Cependant, le soutien direct apporté aux entreprises ne saurait à lui seul contrer les barrières sociales que rencontrent les femmes rurales lorsqu’elles veulent se lancer en affaires. Afin de faire changer les mentalités et les normes de genre au sein des communautés, le projet ESEPV a mis en place et formés des clubs de panélistes. Ces groupes sont composés de leaders communautaires (conseillers villageois de développement, imam, chef de village, prêtre, des représentantes d’organisations féminines de la société civile, etc.). En vue de transformer les normes sociales discriminatoires, ces détenteurs de pouvoirs et leaders modèles sont chargés d’informer et de sensibiliser les communautés sur les obstacles qui désavantagent les femmes et les filles

Cette approche basée sur l’intervention pour et par les communautés est essentielle pour permettre une amélioration durable des conditions de vie des femmes rurales au Liptako. L’enthousiasme que suscite le projet, tant chez les femmes que chez les hommes, nous indique bien que c’est ensemble que nous parviendrons à sauvegarder nos territoires et assurer un avenir décent, égalitaire et prospère pour tous.

[1] Information provenant du projet ESEPV

[2] Information provenant du projet ESEPV

[3] UK centre for Ecology & Hydrology, 2023

[4] Information provenant du projet ESEPV


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