Histoire

Développement des compétences et autonomisation des jeunes : des actions centrées sur l’épanouissement personnel et le développement communautaire local

Chaque année, le 15 juillet, la Journée mondiale des compétences des jeunes (JMCJ) met en lumière le rôle essentiel que jouent les compétences techniques, numériques, entrepreneuriales et sociales dans l’autonomisation des jeunes et leur inclusion dans les économies locales – des principes au cœur du projet SCOFI au Mali.

Dans les écoles et les villages, filles et garçons acquièrent des compétences concrètes, bâtissent leur confiance et deviennent des acteurs du changement dans leur communauté.

Les témoignages ci-dessous illustrent comment les jeunes et les femmes des communes de Konobougou et Yangasso, dans la région de Ségou, transforment leur quotidien grâce à l’éducation, l’entrepreneuriat et l’engagement citoyen.

Konobougou : un jardin scolaire pour grandir ensemble

L’école « Konobougou B », relevant du CAP de Barouéli (région de Ségou), fait partie des 90 écoles accompagnées par le projet SCOFI. Elle accueille 292 élèves, dont 142 filles et 150 garçons, réparti-e-s dans les classes de 7ème, 8ème et 9ème années du fondamental II.

Pour développer leurs compétences et favoriser leur autonomisation, les membres du club d’adolescents Nyeleni (CAN), soutenus par le projet SCOFI et la direction de l’école, ont lancé des activités génératrices de revenus (AGR) impliquant tous les élèves. Cette initiative a été saluée par le Comité de gestion scolaire (CGS) et la communauté locale.

Le bureau du CAN, présidé par Sadio Kelly (élève de 9ème année), est composé de 9 membres, 6 filles et 3 garçons, âgées de 13 à 15 ans et issues des classes de 8ème et 9ème années.

Grâce aux AGR, les 292 élèves ont créé un jardin potager où ils cultivent du gombo bio, du concombre, du melon et du piment, destinés à la vente et à l’autoconsommation. Les revenus mensuels, s’élevant à 112 000 FCFA, ont permis de doter l’école en produits d’hygiène, en matériel pour la gestion de l’hygiène menstruelle (GHM), ainsi qu’en équipements pour animer les activités du club et organiser les fêtes scolaires.

Pour vendre leurs produits, les jeunes ont mené des enquêtes auprès des commerçantes de Konobougou et font la promotion de leurs récoltes, notamment du gombo bio. La présidente du club informe les clients via appels ou messages vocaux WhatsApp dès que des produits sont disponibles.

Les formations et appuis-conseils reçus grâce au projet SCOFI ont permis aux élèves d’améliorer leurs pratiques de jardinage, de mettre en œuvre les principes d’égalité de genre et d’inclusion sociale dans leur école, leur famille et leur quartier. Selon les élèves, cette dynamique a contribué à la baisse des mariages précoces, à une diminution de l’exode rural, et à un début de partage équitable des tâches entre filles et garçons.

Les jeunes produisent aussi des sketchs pour sensibiliser leurs camarades à l’importance de la scolarisation des filles, à la lutte contre les mariages précoces et à la fraude scolaire.

Certaines élèves ont lancé des activités individuelles comme la plantation d’arbres fruitiers (acajou, manguier), la culture de laitue ou encore la production de compost, générant ainsi des revenus pour leurs petits besoins.

Le club est géré de manière démocratique et selon des principes de bonne gouvernance, avec des outils de gestion administrative et financière simplifiés, introduits par le projet SCOFI. Un véritable changement s’opère : les jeunes deviennent plus responsables et volontaires pour construire un avenir plus égalitaire et inclusif.

Témoignage : Nana, 13 ans

« Je suis élève en 9ème année et secrétaire chargée de la scolarisation des filles du CAN. Grâce aux séances de sensibilisation du projet SCOFI, j’ai appris à appliquer les principes d’égalité de genre à l’école, dans ma famille et dans mon quartier. »

Encouragée par les bénéfices générés par le jardin, Nana a lancé une activité personnelle : plantation d’arbres fruitiers et culture de maïs dans la cour de sa maison. Elle a utilisé les profits pour s’acheter des bijoux pour Noël. Soutenue par ses parents, elle a aussi partagé son expérience avec ses camarades pour les inciter à en faire autant.

Témoignage : Dramane, 15 ans

« Je suis en 9ème année, secrétaire général du CAN et candidat au DEF 2025. Grâce au projet SCOFI, j’ai bénéficié de formations sur le genre, le leadership, la GHM, les techniques de maraîchage et la confiance en soi. »

Dramane a planté des manguiers et élève des poules et des pigeons, conseillés par un ami de son frère et sa tante agronome. Il a généré des revenus lui permettant d’acheter des habits et des lunettes pour la fête de Tabaski (6 juin 2025). Il lui reste encore 8 000 FCFA d’épargne.

Il utilise également le téléphone intelligent de son frère pour faire des recherches liées à ses leçons et remercie le projet SCOFI pour lui avoir permis de révéler ses talents d’entrepreneur.

Yangasso : l’autonomisation par la saponification

Le groupement féminin « Benkadi », situé à Yangasso (CAP de Yangasso, région de San), fait partie des 10 groupements sélectionnés par le projet SCOFI. Réorganisé en 2021 via le volet art social pour le changement de comportement (ASCC), il soutient la scolarisation des filles et l’autonomisation des femmes.

Le groupement compte 87 membres, dont 20 jeunes femmes âgées de 20 à 35 ans (22,98 %) et un jeune homme. Le bureau comprend cinq membres, dont trois jeunes femmes et un jeune homme, titulaires de diplômes tels que le CAP, BT2 ou BAC.

Avec le soutien de SCOFI, ces femmes ont transformé leur production artisanale de savon en une activité structurée. Elles ont bénéficié de formations sur les techniques améliorées de saponification, la gestion administrative et financière simplifiée, le leadership, le plaidoyer, la prise de parole en public et le réseautage avec d’autres groupements.

Un fonds de lancement de 5 millions de FCFA, déposé à la caisse Nyèsigiso de Yangasso, a permis la construction d’un magasin de stockage, l’achat de matériel, d’équipements et d’intrants pour la fabrication du savon.

Chaque mois, quatre groupes se relaient pour produire du savon deux fois. Le savon (qualité améliorée, moussant et parfumé) est vendu à 3 600 FCFA le carton de 16 morceaux. Les revenus mensuels sont de 30 000 FCFA, répartis ainsi :

• 20 % pour l’achat de produits d’hygiène pour l’école de la communauté
• 40 % pour le fonds de roulement
• 40 % pour les membres afin de soutenir la scolarisation de leurs filles et répondre à leurs besoins

Le bureau, dirigé majoritairement par des jeunes, fait preuve de leadership, de transparence et d’un bon esprit d’équipe. La redevabilité est une règle de fonctionnement.

Les séances de sensibilisation ont contribué à réduire les discriminations et violences basées sur le genre. Cette reconnaissance sociale renforce la cohésion entre femmes, leur confiance en elles et leur participation aux décisions communautaires.

Le projet SCOFI

Le projet Promotion de l’éducation des filles au Mali (SCOFI), financé par Affaires mondiales Canada, vise à améliorer les résultats scolaires des adolescentes (13 à 15 ans) dans la région de Ségou. Il s’attaque aux obstacles socio-économiques, culturels et physiques, y compris ceux qui touchent les filles handicapées, pour garantir un accès équitable à une éducation de qualité et à un environnement d’apprentissage sûr. Le projet renforce aussi les pratiques professionnelles des enseignant-e-s et administrateurs à l’échelle nationale et infranationale, afin de rendre l’éducation plus inclusive et sensible au genre.